PAGURE
Aménagement d'une maison dans d'anciens bâtiments agricoles
Saint-Michel-des-Loups (50)

Maître d’ouvrage : Privé
Mandataire : Simon Letondu Architecture
Mission : Complète 


CONCILIER L’INTIME ET LE COMMUN

Un garage. Une écurie, peut-être. Soit deux travées d’une longère, articulée à une autre par un porche.

Au centre, un espace difficile à nommer. La cour de l’ancienne ferme de la Blancherie est traversée par un chemin rural qui vient de l’église. Elle est triangulaire, et marque l’accès aux pâturages. Ce lieu revêt la forme d’un placître ; mot qui désigne, en Normandie et en Bretagne, un espace partagé qui pouvait recevoir les animaux comme les fêtes villageoises.
La division de la ferme entre de nombreux héritiers a conduit à un intense découpage parcellaire qui ne donne pas d’accès indépendant à tous les bâtiments depuis la cour. Cet espace atypique, au sud, implique une réponse spécifique pour permettre l’intimité face à un espace d’usage commun, ouvert.

Au nord, les terres agricoles ont été remplacées par une urbanisation très diffuse. La parcelle y comprend 82m² de terrain sur lequel donne une façade presque totalement opaque. Ce jardin est enclavé. Des dispositifs spatiaux francs sont nécessaires pour en préserver l’intimité.

L’inclusion d’une habitation dans des bâtiments agricoles désaffectés implique donc une modification du rapport du bâti à ces deux contextes très différents, dans le respect des caractéristiques de la construction.

UN IMAGINAIRE COMMUN D’ESPACES

A la manière d’un pagure, le maître d’ouvrage souhaite installer sa maison dans un garage et une écurie délaissés. D’emblée, la démarche fonctionnaliste est donc écartée au profit d’une sensibilité au caractère d’un lieu et aux situations qu’il propose.

Celles-ci doivent être enrichies pour permettre des ouvertures maîtrisées sur l’environnement. Un imaginaire d’espaces – le jardin de curé ou « hortus conclusus », le jardin d’hiver, la tropézienne – est réinvesti pour enrichir la relation de l’habitat à l’horizon, au ciel et au soleil.

OUVRIR

Le bâtiment est construit en moellons «des champs» originellement jointoyés à l’argile. En cas de création de baie, la maçonnerie ne peut pas reprendre les efforts de flexion. Il faut donc mettre en place des poutres. L’opération est ouvrageuse, coûteuse, risquée.

La solution la plus simple consiste à la démonter de haut en bas.
La couverture doit être totalement refaite. Deux possibilités se présentent :
– Le niveau de l’égout peut être réhaussé pour que le regard se glisse entre mur et toiture.
– De larges ouvertures peuvent être créées en partie courante. L’espace introverti de la toiture peut alors s’ouvrir vers le paysage et le ciel via une tropézienne.

FILTRER

L’intimité, les surchauffes d’été et les sensations de parois froides imposent une régulation des transparences.
Des équipements manuels, tels que la porte coulissante du garage, des stores en toile, des volets intérieurs, permettent d’accompagner la vie de la maison au quotidien.

Des dispositifs spatiaux peuvent être imaginés :
– mur en limite de propriété – vitrage en façade : une continuité s’instaure entre l’ intérieur et un extérieur protégé.
– dans une pièce, une paroi vitrée face à une paroi opaque : l’absence de transparence au travers du bâtiment rend le vitrage réfléchissant, et protège la vie à l’intérieur.
– placées en net surplomb des passants, de larges ouvertures ouvrent la maison vers le paysage sans en révéler l’intimité.

Vues du chantier en cours
Vues de l'état initial

Simon Letondu Architecture – 38 rue des Jacobins 63000 Clermont-Ferrand – 06 30 23 43 35 – contact@sl-architecture.fr