COEUR DE BOURG
Restructuration de deux maisons en trois logements locatifs, cinq chambres d'hôtes, une épicerie et une salle communale, et aménagement de la place du village
Saint-Nicolas-des-Biefs (03)

Maître d’ouvrage : Commune de Saint-Nicolas-des-Biefs
Mandataire : Simon Letondu Architecture
Bureau d’études tous corps d’état : IGETEC
Urbaniste : Florent Vidaling
Paysagistes concepteurs : A3 Paysage
Missions réalisées : concours

UNE REVITALISATION DE CENTRE-BOURG
Le projet de réhabilitation des maisons Geneste et Dufour, et d’aménagement de la place du Bicentenaire est porté par la municipalité à un moment charnière dans le développement de la commune. Après plus de 150 ans de déprise démographique et alors que le bourg semble parfois à bout de souffle, Saint-Nicolas-des-Biefs connaît une attractivité nouvelle liée à des mouvements sociétaux profonds.
Les ambitions de la municipalité, appuyées par des financements massifs, marquent la fin d’un cycle et constituent une politique globale de revitalisation du bourg.
En effet, le programme s’empare à la fois des problématiques d’habitat, avec la création de 3 logements locatifs communaux, d’activité économique avec la pérennisation d’une épicerie et la création de 5 chambres d’hôtes, et de qualification des espaces publics autour de la place du Bicentenaire.

UNE PLACE DE VILLAGE, UNE CENTRALITE RURALE
Puisque ni l’église, ni la mairie ne jouissent de dégagements, c’est la place du village qui réunit les services de proximité (auberge, épicerie, relai de poste, boîte à lettre, WC publics, marché estival), les éléments symboliques (musée du verrier, Marianne, croix, fontaine, poids communal) et qui est au carrefour d’un réseau de routes qui rayonnent sur un territoire de 100km². Le projet consiste donc en la qualification d’une centralité rare, en milieu rural et montagnard.

La partie la plus ancienne du bourg se trouve sur une ligne de crête douce, une épaule, qui ouvre le paysage vers deux vallons. Le cadastre napoléonien révèle une implantation de bâtiments longilignes parallèles aux courbes de niveaux, avec des espacements réguliers de 15 à 20m. Dans une inflexion particulière et à la faveur du passage d’une
route, un espace non bâti dont le plus grand côté mesure 60m est apparu. Il s’agit de la place du Bicentenaire.
Les maisons Dufour et Geneste sont perpendiculaires. A la façade de l’une répond le pignon de l’autre. Pourtant, comme leurs voisins, elles répondent à une règle claire : construire les courbes de niveaux. Cette situation topographique claire et cette règle constructive simple génèrent une situation complexe.
En partie haute, l’histoire du lieu est marquée par la présence de commerces, de petits services ruraux et d’éléments symboliques. Aujourd’hui dominé par une route départementale, c’est un carrefour qui s’adresse à un vaste territoire. Nous proposons de le faire évoluer vers un lieu partagé avec les piétons, prioritaires, où les éléments symboliques sont remis en valeur, que nous désignons comme le carreau.
A un niveau intermédiaire, l’actuelle auberge, les WC publics et le marché estival aspirent à devenir un pôle de services et de détente, un point d’arrêt qui anime le village. Nous proposons d’étendre l’espace de sociabilité à un périmètre plus large qui associe à la terrasse minérale une pelouse en creux appelée boulingrin.
Enfin, en contrebas, le sol, de propriété privée, fait l’objet d’un début d’appropriation résidentielle. Il glisse vers les champs et dégage ainsi un point de vue vers un paysage forestier plus lointain. Hors périmètre de projet, nous suggérons une clarification des seuils de cette cour.

LA MAISON GENESTE, UN LIEU D’ACCUEIL
Le programme pose une problématique majeure : comment proposer un maximum de services dans un petit village, sans épuiser une « deuxième ligne », dévouée à des besoins de base, dont l’effectif n’augmente pas ?
Plus précisément, comment permettre le fonctionnement d’une auberge, d’un bar, de 5 chambres d’hôtes, d’une épicerie, d’un point de retrait/dépôt de colis, d’une salle de réunion, d’une bibliothèque et d’un logement de fonction 24H/24 avec 0 à 3 personnes ?
Notre projet propose trois solutions : l’indépendance d’accès pour chaque usage, l’ergonomie du poste de travail, et des astuces au service du libre accès.

RE-HABITER LA MAISON DUFOUR
Nous tenons à nous inscrire dans la continuité de ce bâti plus fois remodelé, tout en le complétant pour qu’il relève les défis contemporains.
La maison Dufour pourrait accueillir trois habitations, trois déclinaisons du plaisir d’habiter, qui jouiraient chacune de leur espace extérieur privatif imaginé au gré des opportunités.
Au rez-de-chaussée, un appartement de plain-pied, accessible aux personnes en fauteuil, propose une conciliation d’usages contemporains et d’éléments préexistants de belle qualité. Une enfilade de pièce de réception se prolonge jusqu’à une terrasse nouvellement créée et orientée vers le paysage forestier.
Face à la porte d’entrée de la maison, un escalier droit commun mènerait directement au palier éclairé naturellement du premier étage.
La porte de droite donnerait accès à ce qui s’apparente à une maison dans la maison, duplex qui valorise le volume sous les toits et se prolonge sur une terrasse permise par la réfection d’un appentis.
La porte de gauche mènerait à un appartement famillial, organisé en duplex inversé avec les chambres au niveau bas, où la hauteur sous plafond est plus faible, et un séjour au niveau haut sous toiture, avec une tropézienne-jardin d’hiver.